Pour le meilleur et pour le pire

Durant plusieurs années, Suzanne a assumé le difficile rôle « d’aidante » de son compagnon atteint d’une maladie neuro dégénérative.

Finalement contrainte de le placer dans une institution spécialisée, il reste au centre de sa vie.

Suzanne et Édouard formaient un couple uni. À la retraite tous les deux, après avoir eu chacun « une vie » comme on dit, connu chacun des bonheurs et des épreuves, ils se sont trouvés. Leurs familles respectives, leur entourage, étaient témoins de leur complicité, de leur passion commune pour les voyages et les tournois de bridge, de leur union harmonieuse et tendre. Toujours aux petits soins pour l’un pour l’autre.

Il y a cinq ans environ, la maladie neuro dégénérative d’Édouard se manifeste, par touches de plus en plus marquées, jusqu’à ce que le diagnostic tombe et qu’on annonce à Suzanne que l’évolution sera progressive.

Endosser le rôle de personne aidante

La vie de Suzanne se transforme peu à peu. Elle devient « aidante », selon la formule consacrée. Un quotidien difficile qui demande énormément d’attention et de vigilance.

Elle finit par réduire ses temps d’absence au minimum, pour faire les courses principalement, ou emmène Édouard avec elle pour ne pas le laisser seul.

Pendant environ trois ans, elle s’épuise, jusqu’à ce qu’elle accepte qu’Édouard soit placé dans une institution spécialisée, après une crise particulièrement violente où les pompiers ont dû intervenir.

Elle lui rend visite plusieurs fois par semaine.

Sa difficulté aujourd’hui, « c’est de le croire malheureux.». Notamment pendant ses moments de lucidité. « Ce qui est difficile à vivre, c’est de savoir qu’il y a des moments où il doit se demander ce qu’il fait là. Souvent, j’ai envie d’aller le chercher, et puis je freine des quatre fers, en me rappelant que je ne pouvais plus continuer. » 

Retrouver le goût de la vie

Comment accueillir et se laisser traverser par une culpabilité qui survient immanquablement, la laisser prendre sa juste place sans qu’elle ronge et prive de la saveur des moments de répit ?

C’est un processus qui se fait lentement : « J’avoue qu’il m’arrive, à certains moments, d’oublier un peu, de m’autoriser, même inconsciemment, à faire la part des choses.»

Peu à peu, un nouvel équilibre s’installe avec le mouvement naturel des émotions.

« Je me suis déjà autorisée à aller au théâtre et au cinéma. Je lis à nouveau, alors que je lisais plus du tout, je n’avais plus envie d’ouvrir un livre. Maintenant, je lis avec beaucoup de plaisir. Pour moi, c’est très important ! »

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